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jeudi 19 février 2015

Fin de mission, Phil Klay (éditions Gallmeister, collection americana)

Fin de mission, Phil Klay, Gallmeister, 23€80
coup de cœur Romain

Recueil de nouvelles traitant des vétérans américains à leur retour d'Irak. Histoires de terrains ou de leur difficile retour à la vie civile. Témoignages parfois crus qui ne laissent pas de place au superflu mais au superlatif de l'horreur... Oubliez la guerre en Irak que vous avez cru entrapercevoir par le prisme des médias. Pas de place pour les avis partisans, ici vous découvrirez le traumatisme des marines et leur incapacité à retrouver un sommeil, des relations, bref une vie normale !
Un témoignage très fort qui s'ajoute à la très belle collection « americana » dans la lignée de Compagnie K.


« Mais quand je me suis présenté au guichet et que j'ai rendu mon fusil, ça m'a coupé dans mon élan. C'était la première fois que je me séparais de mon arme depuis des mois. Je ne savais plus où mettre les mains. D'abord, je les ai mises dans mes poches, puis je les ai ressorties et j'ai croisé les bras, et finalement, je les ai laissées retomber, inutiles, le long du corps. » page 14

« Voilà, c'est comme ça que s'est passé mon retour à la maison. C'était chouette, je dirais. Rentrer c'est comme respirer pour la première fois après failli se noyer. Même si ça fait mal, c'est bon. » page 18.

« On a pris ma prime de combat et on a acheté des tas de choses. C'est comme ça que l'Amérique riposte aux terroristes. » page 20

« Il y a des types qui grimpent directement au rouge. Ils y restent pendant un moment, et puis ils s'écrasent, ils retombent en dessous du vert, plus bas que le niveau «  J'en ai rien à foutre de mourir. » La plupart des autres restent à l'orange en permanence.
Vous voulez savoir ce qu'est l'orange ? Vous ne voyez plus et vous n'entendez plus comme avant. La chimie de votre cerveau change. Vous saisissez tous les détails de votre environnement, absolument tous. Je pouvais repérer une pièce cents à vingt mètres de distance dans la rue. » pages 21 – 22

« La porte de derrière mène à la cuisine. A droite, OK. A gauche, OK. En haut, OK. A l'arrière, OK. Cuisine, OK. On avance, on ne se regroupe pas, on continue à avancer. Lentement, question de fluidité. La fluidité, c'est la rapidité. Le groupe du caporal-chef Sweet vous nettoie une maison comme l'eau qui coule dans un ruisseau. »

« Le 1er Bataillon du 9e marines. The walking Dead.
Les devises des bataillons étant ce qu'elles sont, ils ont probablement la meilleure. Grâce au Vietnam, le 1/9 se targue de détenir le record du plus haut taux de morts au combat dans toute l'histoire du corps des marines. Les marines, qui aiment se voir comme des chiens enragés d'une agressivité suicidaire, et qui parfois se comportent de manière à être à la hauteur d'une telle image de soi, considèrent qu'un tel record, c'est « super ».

« Vous courrez suffisamment vite et au bout d'un moment, c'est bon, toutes les émotions contenues s'expriment dans le mouvement de vos bras, la brûlure dans votre poitrine, le poids lent et pesant de la fatigue dans vos jambes, et vous pouvez vous laisser aller à penser tout simplement. Vous pouvez penser en éprouvant de la rage, du chagrin, n'importe quoi, et cela ne vous déchire pas, parce que vous êtes en train de faire quelque chose, quelque chose qui est assez dure pour que vous le ressentiez comme une réponse appropriée à l'agitation dans votre esprit. Les émotions ont besoin d'un exutoire physique. Et si vous avez un peu de chance, le physique prend le pas sur tout le reste. Cela m'arrivait autrefois, quand je pratiquais le combat libre. Vous vous épuisez jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que la douleur et l'euphorie. Quand vous atteignez cet état, le reste ne vous manque plus, tous les petits sentiments que vous éprouvez. » page 278

« Le bruit nous avait frappés de plein fouet, se répercutant dans tout notre corps, à l'intérieur de notre poitrine, dans nos entrailles et nos dents du fond. Je sentais le goût de la poudre dans l'air. Quand les canons tiraient, les tubes coulissaient en arrière comme des pistons, avant de reprendre leur position, la force de chaque obus qui partait soulevant un nuage de fumée et de poussière. Quand j'ai regardé la rangée des pièces, je n'avais pas vu six canons. J'avais simplement vu du feu à travers le brouillard, ou même pas du feu, mais de simples éclairs rouges dans la poussière et la cordite. Je sentais le rugissement de chacun des canons, pas seulement celui du nôtre, à chaque tir. Et je me disais, Mon Dieu, voilà pourquoi je suis content d'être artilleur. »





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