Sur la route again aux états-unis avec Kerouac, Guillaume Chérel, Transboréal 20€90
Coup de coeur Romain |
Partir sur les traces d'un de ses
auteurs préférés, on en rêve souvent, Guillaume lui l'a fait avec
passion, engouement, détermination. Il a rencontré et côtoyé
l'Amérique dont on ne parle pas assez, celle des « clochards
célestes » et autres « vagabonds
solitaires ».Vingt ans après avoir traversé l'Amérique
sur les traces de Jack London, Guillaume Chérel repart à 40 ans sur
les traces de l'autre Jack. Embarquez dans les Greyhound (bus
américains) et découvrez l'Amérique d'aujourd'hui, celle d'Obama.
Sur la route again est un voyage sur les traces de Kerouac
mais est aussi une comparaison entre l'Amérique des années 50 et
l'actuelle. Un récit cru, épique, et sans concession dans l'esprit
et la forme de l'écriture automatique chère à Kerouac.
Extraits
La génération actuelle n'a plus envie
de grand-chose, même pas de voyager, ni d'espérer. Elle veut juste
planer, s'amuser, boire, manger, jouer aux jeux vidéo, consommer,
gagner vite de l'argent...pour bien s'habiller. Elle veut dormir
longtemps. Déjà fatiguée de vivre.
Steve, lui, Afro-Américain de 40 ans,
raconte qu'il s'en sortait jusque-là en cultivant son potager, mais
que ça ne suffit plus : « j'ai été viré de Good
Years « Bonne année »... tu parles d'un nom ! Je
passais ma vie à travailler, à dormir, à voyager pour aller
travailler puis à dormir. Pas de petite amie, rien que la télé, le
base-ball et la bière ! » Ainsi va l'American Way of
(Fucking) life. On se plaint pas, on subit.
La route, c'est une aube qui n'en finit
pas. Le bonheur de prendre la route, c'est de tout faire à nouveau
comme si c'était la première fois. On a coutume de dire que seul le
voyage compte. Que la destination importe peu... Ce n'est pas mon
avis. L'action de voyager en elle-même ne m'intéresse pas tant que
ça. C'est le vertige du dépaysement qui me vrille les neurones et
me donne l'impression de renaître à chaque fois. Tous les sens en
éveil, à chaque destination... A chaque arrêt sur image. De
nouvelles odeurs. Architectures, etc. A chaque fois que j'arrive
quelque part, je me dis : des gens que je connaissais pas vivent
ici. J'aimerai les connaître tous ! Partout.
Il y eut de la bruine et de la pluie et
du mystère dès le début du voyage au Mexique. J 'étais aux anges,
décidément... Je savais que je laissais derrière moi le désordre
(les dettes) et l'absurdité (de cette société basée sur le fric,
les rapports de pouvoir, etc.) et que je remplissais ma noble et
unique fonction dans l'espace et le temps : le mouvement. Et
pour me mouvoir, je me mouvais. Quinze mille kilomètres parcourus,
au moins, depuis mon premier pas à New York. Je ne comptais plus. La
pureté de la route. Et cette ligne blanche au milieu de l'autoroute
qui se déroulait et léchait les pneus de mes bus à l'infini, comme
si elle collait à l'étrave d'un navire.
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