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jeudi 16 avril 2015

sélection de la semaine: le plein de nouveautés

Le dernier Sépulveda, un brin de Hervé Hamon, de l'écologie, et un peu de notre belle région, bref plein de belles choses !

RADE DE BREST, La belle méconnue, Anne Bergogne, Luc-Christophe Guillerm, Géorama, 27€



« Il ne faut pas trop le dire », confient ses habitués en baissant la voix. Non, il ne faut pas trop le dire que la rade de Brest est un havre tranquille, préservé, loin du bruit et de l’agitation du monde. Indissociable de Brest, la rade baigne la ville et détient les clés de son histoire et de son développement avec ses activités militaires, industrielles, scientifiques, sportives ou festives. Tout un monde qui trouve place et se côtoie en harmonie avec le milieu naturel et l‘esprit d’ouverture qui caractérise ses riverains. La rade de Brest n’est certes pas célèbre comme la baie du Mont Saint-Michel, ni courue comme le golfe du Morbihan ; plus intime, elle appelle une découverte pas à pas, une lente imprégnation maritime et révèle ses secrets au détour de des chemins creux et des villages qui la bordent. Grande oubliée des guides touristiques, la rade garde sa beauté pour elle. Comme aux matins du monde. 

L'Ousbek muet, Luis Sepulveda, Métailié, 16€

Métailié, 16€

Il était une fois, dans les années 60 du siècle dernier, des pays où la politique occupait une place primordiale dans la vie des jeunes gens. Au Chili comme ailleurs, le langage était codé et les slogans définitifs. Mais on est très sérieux quand on a dix-sept ans à Santiago du Chili et qu’on s’attaque au capitalisme avec un succès mitigé. On peut monter une opération contre une banque pour financer une école et utiliser toute la logistique clandestine pour trouver du lait en poudre pour empêcher un bébé de pleurer ; chanter Blue Velvet en plein hold-up pour que les clients présents dans la banque n’aient pas peur ; se tromper d’explosif et rentrer à pied ; préférer la musique américaine à la dialectique marxiste pour séduire les filles ; apprendre le taekwondo qui rend les Coréens du Nord invincibles et trouver contre leur champion des solutions créatives… En état de grâce littéraire, Luis Sepúlveda nous raconte ces histoires irrésistiblement drôles et tendres en hommage à un temps où on pouvait rêver “d’être jeune sans en demander la permission”. 



Une vie de passion formidable, Luis Sepulveda, points, 5€90

L’écriture, l’engagement politique, les amitiés, l’exil, le voyage sont les éléments indissolublement mêlés de ces récits d’une vie d’aventures fascinantes que nous raconte Luis Sepúlveda.
Depuis le moment où l’adolescent se voit obligé par un premier amour de passer de la passion du football à la poésie, jusqu’à ce qu’il découvre que la littérature peut donner une voix à ceux qui n’en ont pas, ces pages entremêlent des récits personnels, des histoires de travailleurs et de leurs luttes, les cris de douleur devant la destruction de l’équilibre de la planète, les réflexions violentes sur la crise économique qui balaye l’Europe, ainsi que l’évocation des moments partagés avec les amis ou les “maîtres”.
Dans ce parcours d’une vocation aux multiples facettes, on voit apparaître en filigrane l’homme Sepúlveda, à travers ses souvenirs les plus difficiles du passé chilien, le destin des camarades dispersés par l’exil qui se retrouvent au bord du Pacifique, un ami à quatre pattes, la joie de la réunion autour de la table d’une famille nombreuse dans laquelle tous les enfants et petits-enfants, aux multiples nationalités, l’appellent “Viejo”, Vieux. Et surtout le fait de savoir que, malgré tout, il a mené une vie “de passions formidables”.


Quand l'écologie politique s'affiche, Dominique Bourg, plume de carotte, 34€




Larzac, Plogoff, Creys-Malville, mais aussi Faucheurs volontaires ou Notre-Dame-des-Landes... Ces noms résonnent à nos oreilles comme autant de jalons de luttes citoyennes et politiques autour des grands enjeux de l'écologie depuis plus de 40 ans en France. Les 150 affiches réunies dans cet ouvrage nous racontent à leur façon ces engagements, de façon joyeuse, agressive, ou simplement informatives.
C'est en 1974, lorsque René Dumont se présente avec panache à l'élection présidentielle française, que l'écologie politique entre dans la vie quotidienne de chacun. Il apparaît alors que le diagnostic écologique appelle une réforme de la société en général. Mouvements, courants de pensée, philosophie, style de vie, les enjeux qu'elle défend sont multiples et pluriels. Progrès, croissance, nucléaire, mais aussi citoyenneté, pollution...
De ce foisonnement complexe émergent des luttes locales, environnementales, nationales, européennes... Près de 150 affiches et de documents accompagnent dans ce livre le propos de l'auteur. Joyeuses, agressives, ou simplement informatives, elles montrent les enjeux de ces combats, entre utopie, détermination, et nouvelles donnes. Cette promenade dans le temps, par le texte et l'image, restitue le lyrisme ou le désenchantement d'une époque qui oscille entre espérance et désillusion.
Elles donnent le ton des revendications écologiques, environnementales, sur la pertinence de la partition traditionnelle droite/gauche pour les enjeux écologiques ou simplement humains qui ponctuent notre société depuis quarante ans. 

 Besoin de Mer, Hervé Hamon, Points Aventure, 6€70


De sa très chère Bretagne aux îles japonaises, des icebergs du Groenland aux montagnes marines de la Crète, Hervé Hamon nous convie à emprunter la mer pour toucher terre. « Être marin, écrit-il, c’est s’exercer à partir. » Il s’adresse à tous ceux, navigateurs ou paysans, citadins ou gens de la houle, qui vivent une passion, en goûtent le plaisir, et se savent mortels. À tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, aiment le large.


Hervé Hamon est né à Saint-Brieuc, en Bretagne Nord. Écrivain et cinéaste, il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment Génération, L’Abeille d’Ouessant et Pour l’amour du capitaine. À l'automne 2005, il a été élu écrivain de marine.


Grand Prix Henri-Queffélec du livre maritime 



 Brut, Nancy Huston, Naomi Klein & co, lux, 12€


Fort McMurray n’est qu’une version hypertrophiée de notre culture » — Naomi Klein
Fort McMurray, dans le nord de l’Alberta, est une ville-champignon au milieu d’un enfer écologique, où des travailleurs affluent de partout, attirés par les promesses de boom économique. L’or qu’ils convoitent : les gisements de sables bitumineux, le pétrole le plus sale qui existe, paroxysme du délire extractiviste.
Brut réunit les voix de celles et ceux qui ont vu de près cette catastrophe : Melina Laboucan-Massimo, militante amérindienne, décrit la terre où elle est née et le jour où le pétrole s’y est répandu ; David Dufresne brosse le portrait des personnages de ce nouveau Klondike ; Nancy Huston raconte un effrayant séjour dans son Alberta natale, puis discute avec Naomi Klein de la misère culturelle liée à ce ravage écologique. En guise de coda littéraire, une nouvelle prémonitoire du romancier canadien Rudy Wiebe, inscrit Fort Mac dans l’atlas des lieux du désastre.
David Dufresne est journaliste indépendant. Il a entre autres publié Tarnac, magasin général (2012) et réalisé le documentaire interactif Fort McMoney (2014). / Nancy Huston est romancière et essayiste. Née en Alberta, elle habite aujourd’hui à Paris. Son plus récent livre publié chez Actes Sud s’intitule Bad girl. / Naomi Klein est journaliste et militante canadienne. Son dernier livre, Tout peut changer (Lux/Actes Sud), est une enquête sur le capitalisme et le changement climatique. / Melina Laboucan-Massimo est militante écologiste, membre de la nation des Cris du lac Lubicon. / Rudy Wiebe est un romancier canadien né en Saskatchewan en 1934.


 Semez pour résister! l'art et la pratique des bombes à graine, Josie Jeffery, Plume de carotte, 18€







Incandescences, Ron Rash, Seuil, 20€


Les douze nouvelles de ce recueil sont des portraits de désespoir rural, des tranches de vie oblitérées par la misère, le manque d'éducation, la drogue. Situées dans le décor sauvage et magnifique des Appalaches, déjà rencontré dans Le Monde à l’endroit et Une terre d’ombre, elles évoluent entre l’époque de la guerre de Sécession et nos jours. Elles décrivent avec une compassion affligée et lucide de pathétiques gestes de survie, une violence quotidienne banalisée par la pauvreté, des enfants sacrifiés par leurs parents au culte de la meth ou des actes meurtriers commis sous couvert de bonnes intentions. Elles parlent aussi de vieux mythes et des croyances qui perdurent dans cette contrée imperméable au progrès et à la modernité.
À mi-chemin entre le minimalisme de Raymond Carver et le gothique de William Faulkner, Ron Rash écrit une prose d'une noirceur poétique, laissant par instants entrevoir un éclair d'humanité même chez les êtres les plus endurcis.






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