Cette semaine nous vous avons sélectionné:
Tout d'abord les coups de cœur des libraires:
La grande panne, Hadrien Klent, le tripode, 19€
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Coup de coeur Romain |
Accident ou attentat ? Une explosion dans une mine de graphite italienne
provoque l’apparition d’un immense nuage qui menace de s’enflammer au
contact des lignes à haute tension. Pour éviter la catastrophe, une
coupure électrique générale est décidée dans toute l’Italie, plongeant
le pays dans le chaos. Le nuage se déplace vers le nord, et la France
décide à son tour de procéder à un black-out sur son propre réseau. Le
gouvernement part s’installer sur l’île de Sein, en Bretagne, pour
superviser la panne qui s’annonce. Commençant comme une série
catastrophe, déroulant l’agenda d’une cellule de crise, La Grande Panne
se transforme peu à peu en un roman inattendu mêlant les histoires
d’amour aux arcanes du pouvoir, les trahisons amicales aux menaces
d’attentat, la surveillance policière aux banalités d’une vie suspendue à
l’attente du retour à la normale. On y croise un révolutionnaire qui
rêve de mettre en place une insurrection civile, des conseillers qui
tentent de contenir les humeurs d’un président de la République
désabusé, un écrivain improductif qui observe son île devenue le centre
hystérique d’un pays en état de choc, un brocanteur qui se trouve
embrigadé malgré lui par un service secret étranger, un journaliste
revanchard qui fait le portrait d’une France en apesanteur... La Grande
Panne, ou le portrait d’une humanité un peu paumée, qui l’emporte sur la
violence officielle du monde.
Avis de Romain en cours de rédaction
La pièce, Jonas Karlsson, Acte Sud, 16€50
L'avis de Tatiana: un récit aussi dérangeant que son personnage principal qui mêle humour et questionnement. Il amène le lecteur à s'interroger à travers une critique de la société moderne et des systèmes administratifs qui rappellent l'univers de Kafka sur le conformissime et la peur de la différence.
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coup de coeur Tatiana |
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La première neige est tombée sur
Stockholm et Björn vient d’être muté à l’Administration. Mégalomane sur
les bords, Björn a une opinion démesurée de son rôle. Arrogant et
psychorigide, il est loin de faire l’unanimité parmi ses collègues. Mais
Björn n’est pas là pour fraterniser ou bavarder inutilement, il est là
pour travailler et montrer le bon exemple à ceux qui n’ont peut-être
pas, comme lui, la bureaucratie dans le sang.
Un jour, il découvre une porte entre l’ascenseur et les toilettes. Elle
ouvre sur un bureau inoccupé où règne un ordre parfait. Cette pièce lui
procure une sensation singulière de calme et de bien-être, et il
commence à s’y réfugier aussi souvent qu’il le peut pour se ressourcer.
Mais un malaise grandissant se répand au sein du service. Pourquoi le
nouveau venu reste-t-il toujours planté en plein milieu du couloir à
fixer le mur ?
Après La Facture, Jonas Karlsson signe un livre délicieusement
décalé, qui met en scène un personnage aussi saugrenu qu’irrésistible.
Avec ce roman plein de fantaisie, l’auteur nous invite par l’absurde à
faire réflexions sur le conformisme, l’intolérance, l’exclusion et la
peur de la différence.
Nouveau numéro de la revue
Ar Man:

Pont Aven, Kerouac Gwernig, le sillon de Talbert ... 10€
Dernière nuit à Tremore beach, Mikel Santaigo, Acte Sud, 22€50
Clenhburran : cent cinquante âmes en hiver,
ses routes sinueuses entre vallons verdoyants et récifs escarpés, ses
tourbières et ses fleurs sauvages. C’est en Irlande, dans ce hameau du
comté de Donegal, que le célèbre compositeur Peter Harper est venu
trouver refuge dans une maison isolée sur la plage. Pour s’accommoder
d’un divorce orageux et renouer avec la musique.
Au retour d’un dîner chez des amis par une nuit de tempête, il tente de
dégager la branche d’un vieil orme qui lui barre le chemin, quand il est
frappé par un éclair d’une rare violence. S’ensuit une migraine
chronique qu’aucun traitement ne parvient à apaiser, suivie, quelques
jours plus tard, par de récurrents cauchemars sanglants où peu à peu
apparaissent ses voisins et ses propres enfants, qu’il attend pour les
vacances. Ces rêves semblent l’avertir d’un danger imminent auquel
personne n’est disposé à croire. Saisi d’une angoisse vertigineuse
lorsqu’il constate que jour après jour des pans entiers de ses visions
nocturnes s’incarnent dans la vie réelle, il doit lutter seul contre la
menace qui désormais enserre les siens.
Dans ces paysages irlandais aussi grandioses qu’inhospitaliers, c’est la
part d’ombre de chaque personnage qui se dévoile, tous rattrapés par ce
qu’ils sont ici venus fuir.
Un rythme vertigineux, un suspense tramé au cordeau : un début
fracassant pour un auteur surnommé déjà le “Stephen King espagnol”.
L'attentat de Sarajevo, Georges perec, Seuil, 18€
1957. Georges Perec a vingt-et-un ans. Il est un étudiant (en histoire)
qui n’étudie plus. Il voudrait écrire, n’y parvient guère. En juin 1956,
il commence une psychanalyse. Fin juillet 1957, il part pour la
Yougoslavie. Le 8 septembre, à peine revenu, il rédige dans l’urgence un
roman tout imprégné de son expérience yougoslave, L’Attentat de Sarajevo. C’est un galop d’essai mené au galop. C’est, littéralement, son premier « Cinquante-trois jours ». Tel Stendhal dictant La Chartreuse de Parme
en cinquante-deux jours, il dicte le livre à une de ses anciennes
camarades du lycée d’Étampes. Le tapuscrit, perdu, n’a été retrouvé
qu’après sa mort.
Lecteur, c’est avec un Perec inattendu
que tu vas faire connaissance. Frôlant le roman d’analyse psychologique,
esquissant une histoire d’amour et de jalousie, c’est avec le scénario
Hamlet que se débat l’auteur-narrateur, un « je » quasiment au premier
degré, oscillant entre récit autobiographique et fiction.
L’attentat de 1914 fit s’embraser
l’Europe ; celui de 1957 reste un fantasme, dont le narrateur, en bon
flaubertien, ne serait sans doute pas loin de penser que c’est « ce que
nous avons eu de meilleur ».
Dans les multiples branches de l’arbre
Perec, beaucoup de lecteurs se sont délectés à grimper ou se nicher. En
voici une des racines. Elle plonge loin ? dans des terreaux que Perec
n’a plus guère remués par la suite.
Ce roman se trouve publié près de
soixante ans après sa rédaction. L’édifice Perec est dorénavant bien
connu. Il nous importe donc de mieux savoir sur quelles fondations il
s’est construit.
La bombe, Frank Harris
, la dernière goutte, 20€
Un Roman sur l'origine du 1er mai, Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne-Sylvie Homassel
Chicago, Haymarket Square, 4 mai 1886 : alors que s’achève un meeting
politique réunissant des centaines d’ouvriers, la police lance un
assaut brutal pour disperser la foule. Soudain, une bombe explose, tuant
huit policiers et en blessant plusieurs dizaines d’autres. Cet
événement à l’immense retentissement, Rudolph Schnaubelt en est le
témoin privilégié. Fraîchement débarqué d’Allemagne, ce jeune homme
cultivé, sans le sou mais décidé à conquérir l’Amérique, fait rapidement
l’apprentissage d’une réalité qui lui glace le sang : de New York à
Chicago, il découvre la tragique condition des ouvriers, surtout quand
ils sont, comme lui, étrangers. Mais comment se dresser face aux
injustices dans cette société conservatrice avide de profits où la
presse est aux ordres et la répression policière, sanglante ? Tiraillé
entre son engagement pour la cause ouvrière aux côtés de Louis Lingg, un
militant anarchiste charismatique, et sa passion pour la belle Elsie,
Rudolph va faire un choix qui changera à jamais le cours de sa vie et
celui de l’Histoire.
« Un chef-d’œuvre » (Charlie Chaplin, Mon tour du monde, éditions du Sonneur)
Les émeutes raciales de Chicago 1919, Carl Sandburg, Anamosa éditions, 17€50
Chicago, juillet 1919 : un jeune Noir se noie, terrorisé par des
adolescents blancs qui commençaient à lui jeter des pierres, sur une
plage partagée par une frontière raciale invisible. La police refuse
d'intervenir, ouvrant la voie à plusieurs jours d'émeutes qui, dans la
ville, laissent derrière eux 23 morts parmi les Noirs, 15 parmi les
Blancs et des dizaines d'immeubles dévastés. Rapidement, durant ce " Red
Summer ", des dizaines de villes américaines connaissent à leur tour
des émeutes raciales.
Carl Sandburg prend le parti d'expliquer. Il
décrit l'oppression organisée des Noirs, l'immigration imposée, la
ségrégation ordinaire, les logements de seconde zone et l'habitude des
lynchages. A l'heure où les émeutes raciales tenaillent toujours les
Etats-Unis, ce petit livre oublié éclaire l'une des périodes les plus
troublées de l'Amérique - celle qui, tenaillée par la question raciale,
accompagne la recrudescence du Ku Klux Klan.
Il éclaire aussi une
pratique journalistique, celle du reportage, qui ne cède jamais au
voyeurisme de la violence, d'un auteur et poète qui, par la suite, a
obtenu le prix Pulitzer.
Enfin disponible en poche:
Molosses de Craig Johnson !
Meursault contre enquête, Kamel Daoud, et le troisième tome sur les épaules de Darwin avec en couverture une magnifique vu du volcan Pico (Açores)
En rapport avec l'actualité: Vous avez dit Fort McMurray? mais oui on connaît!
Fort McMurray, dans le nord de l'Alberta (Canada), est le Klondike d'une
ruée vers l'or du XXIe siècle, ville-champignon au milieu d'un enfer
écologique, où des travailleurs affluent de partout attirés par les
promesses de boom économique. L'or qu'ils convoitent : les gisements de
sables bitumineux, le pétrole le plus sale qui existe et qui est
exploité au péril de la planète entière par les compagnies pétrolières
comme Total. Nancy Huston est allée voir de ses propres yeux ce qui se
passait dans son Alberta natale et a découvert, abasourdie, une
dévastation qu'elle raconte ici en un cri de colère et d'indignation.
BRUT réunit également les voix de personnes qui ont vu la catastrophe de
près : Naomi Klein, David Dufresne et Melina Laboucan-Massimo, une
militante amérindienne qui se bat en première ligne.
http://www.davduf.net/brut-la-ruee-vers-l-or-noir
Ecologie et engagement:
Il y a quelques mois sortait un petit opus "Défendre la Zad" que nous avions mis à disposition des buveurs de thé et de cafés à la librairie. Dans l'urgence des événements, et l'approche des expulsions, il s'agissait pour l'éclat et le collectif de mauvaise troupe de sortir une sorte de teaser ou un avant goût du livre,
Contrées Histoires croisées de zad de Notre-Dame-des-Landes et de la
lutte No Tav dans le val Susa 15€
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3€ en consultation libre à la librairie pour les consommateurs de thé ou café |
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15€ |
À l’automne 2015, le gouvernement a annoncé que démarreraient au plus
vite les travaux de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il a martelé sa
volonté d’expulser la zad de l’ensemble de ceux qui l’habitent et la
cultive. Avec les efforts conjugués des tractopelles de Vinci et des
grenades de la gendarmerie, il entend tenter, une fois encore, « dès que
possible », de venir à bout de tout ce qui pousse et vit dans ce
bocage.
C’est pourquoi nous avons voulu dès que possible faire paraître
ce petit livre, éclaireur et annonciateur d’un livre à venir, pour
appeler partout à défendre la zad et, à travers elle, tout l’espoir
contagieux qu’elle contient dans une époque plombée.
La conviction qu’il est possible d’arrêter les projets destructeurs de
ceux qui prétendent nous gouverner et de se libérer du joug de
l’économie. L’aspiration à inventer ici et maintenant d’autres manières
d’habiter le monde, pleines et partageuses. Cet espoir s’ancre dans une
histoire commune, riche des élans de dizaines de milliers d’insoumis et
de liens indéfectibles soudés par le temps. Cette brève nouvelle
politique invoque quelques fragments décisifs de cette aventure, comme
autant de conjurations face à la menace et de repères éclatants pour
l’avenir.
Bande dessinée historique:
Truckee lake, Christopher Hittinguer, 20€
Dix ans après Jamestown, Christopher Hittinger s'attaque à un nouveau moment-clé parmi les plus marquants de l'histoire des États-Unis.
Avec Truckee Lake,
il nous relate le parcours de l'Expédition Donner, soit le périple d'un
groupe de 81 pionniers partis pour la Californie pendant la fièvre de
l'ouest des années 1840. Bloqués par la neige dans la Sierra Nevada au
cours de l'hiver 1846-1847, 36 membres périssent de famine ou de maladie
tandis que certains des survivants recourent au cannibalisme pour
survivre.