mardi 9 septembre 2014

Des hommes en devenir

Des Hommes en devenir, Bruce Machart, Gallmeister 22€

coup de cœur Romain

Recommandé par Olivier Adam, le 08/09 sur france inter dans l'émission boomerang

Recommandé par Benoît Poelvoorde (à 11:39)
http://www.canalplus.fr/c-divertissement/c-le-grand-journal/pid5411-le-replay.html?vid=1128479

Des hommes rongés par l'absence, par la perte d'un être proche. Des hommes au destin et cœurs brisés par la vie qui résistent et continuent leurs chemins. Ils ont en commun cette mélancolie teintée de nostalgie. Une narration très forte, qui subtilement vous fait prendre la place du personnage et qui pose la question fatidique du «  qu'auriez vous fait ?... » Bruce Machart avec ce magnifique recueil de 12 nouvelles démontre qu'il fait bien partie de cette génération d' écrivains américains brillants comme Lance Weller et David Vann. Des auteurs qui n'ont pas fini de nous surprendre et qui frappent fort, très fort.

Extraits:

« C' est pratiquement de l'instinct. Le périphérique 610, une boucle de soixante kilomètres, six bières chacun. La circulation de fin de journée devient plus fluide, vous posez cette annuaire bien comme il faut sur la pédale d'accélérateur et vous pouvez envisager un 110 km/h constant. Faites le compte, ça vous laisse 5 minutes trente par bière et , bon sang, si tout se déroule favorablement, vous avez encore soif quand vous rejoignez votre point de départ, au canal »

« Jimmy, il a plus de chemises de bowling que de plomb dans la cervelle, mais ça fait un bout de temps que vous le connaissez et quand une nana se met à rimer avec tracas, il ne tarde jamais à se pointer au volant de son pick-up. »


« Encore une de ces nuits de Houston, si chaude et si humide que vous pourriez accrocher des sachets de thé aux branches des arbres et les laisser infuser. »


Le dernier à être resté en Arkansas

« Depuis qu'elle est partie, j'ai passé des heures, exposé au froid, sur la véranda, à réfléchir à cette nuit-là et à me demander comment j'ai pu dire une chose pareille. Et quand le whisky me donne le courage d'être honnête avec moi-même, me vient le soupçon que la réponse à cette question est d'une laideur absolue, que je n'ai pas volé la façon dont elle me fusilla du regard et que j'ai méritée, par cette seule éruption de rage, la morsure de ces nuits que j'ai dû endurer, même des nuits comme aujourd'hui, où le reproche dans les yeux de la mère de Lonnie était aussi cinglant et glacial que celui que j'avais lu alors dans les yeux d'Anne. »

« J 'appellerais mon fils et quand il répondrait, je lui dirais que je vais lui envoyer un petit paquet, le vieux briquet que j'avais refusé de lui donner auparavant, ça et un peu d'argent de poche, et quand il me demanderait ce que je veux, je lui dirais : Rien. Je lui dirais : Rien, mon fils. Je ne veux rien du tout. Il y aurait comme un silence, un sifflement de parasites, notre respiration crépitant sur des centaines de kilomètres de lignes de téléphone givrées. Il ne me dirait pas merci. Je ne m'attendrais pas à ce qu'il dise quoi que ce soit, mais ensuite, je changerais d'avis. Il y a bien quelque chose, lui dirais-je. Comment ça va pour toi la-bas ? Je veux dire les cours ça va ? Parle-moi de toi mon fils. J'ai envie que tu me parles de toi. »

On ne parle pas comme ça au Texas

« _Qu'est-ce que t'as à la regarder comme ça ? Dit-il ? Allez petit okie. Bois. C'est une Lone Star que t'as là, et si y a jamais eu un petit jeunot de l'Oklahoma qu' a eu besoin de goûter à un liquide du Texas, c'est bien toi. »

Parmi les vivants, au milieu des arbres

« Ce sont des hommes rugueux et robustes, des hommes qui ont les mains calleuses comme du cuir, des hommes qui n'ont pas peur de garder un peu de tendresse dans leur poitrine et de l'exposer au grand jour quand la situation l'exige, quelle que soit la souffrance que cela implique.  Ce soir, ce sont des hommes-là et leur rire, ainsi que la morsure froide de la bière sur mes dents qui me rassurent[...] »

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